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Décriminaliser l’usage de la drogue ! La suggestion nous vient de la Commission ouest-africaine sur les drogues et la Fondation Kofi Annan. Les défenseurs de cette idée pensent ainsi trouver la solution qui permettrait de réguler la consommation de la drogue après «l’échec» de la répression. Puisque la prison ne fait plus peur aux usagers de la drogue, certains suggèrent qu’on leur accorde l’autorisation de fumer seulement (mais pas de vendre). Certains sénégalais comme le rappeur Fou-malade semblent emboucher la même trompette pour, disent-ils, décongestionner nos prisons. C’est vrai, nos prisons débordent, les conditions y sont inhumaines et dégradantes d’où la grogne de ses pensionnaires. Mais est-ce que c’est une proposition réfléchie ?

Se lever un beau jour et dire aux disciples de Bacchus, allez, vous pouvez sniffer sans être inquiétés. Voir partout des jeunes, loques humaines, aux yeux rouges, la fumée leur sortant par le nez et les oreilles, l’haleine nauséabonde, l’esprit absent, la raison étouffée par l’instinct animal. Autoriser l’usage de la drogue serait ouvrir la boite de pandore qui installerait le pays dans une situation d’insécurité, de criminalité et de désordre le plus absolu.

Pendant huit (8) mois, j’ai eu la malchance de louer dans un immeuble à Bène Tally qui, en réalité, était un temple du dieu Bacchus. Ça dort la journée mais dès 00h, l’immeuble reprend vie et se transforme en marché discret où les va et vient suspects n’attirent l’attention que d’un initié. A l’intérieur la fumée du chanvre viole le périmètre d’autrui. J’avais mon studio au premier, mais c’est eux qui fumaient et c’est nous qui nous enivrions. Lors du Magal Touba, lorsque nos dangereux voisins sortaient Dakar, ma famille et moi avions des maux de tête puisqu’à force de devenir des fumeurs passifs, nous étions devenus accrocs à l’odeur. La vente prenait souvent fin à 1h du matin et après l’immeuble vibrait aux hurlements de leurs concubines comme dans un film porno. Personne n’osait sortir même pour aller aux toilettes au risque d’être pris pour un indicateur de la police. Un jour, n’en pouvant plus, je suis parti me plaindre au Commissariat central : c’était l’erreur à ne pas commettre ! ».

Depuis lors, le Sénégal a durci la répression et s’attaque même au démantèlement des réseaux narcotrafiquants même si le mal a ses racines bien enfoncées puisque partout, même dans les corps sensés défendre les citoyens, on y compte des ripoux. Mais cette idée agitée, si elle prospère au point de s’imposer dans nos pays, ce serait le début de la fin de la légendaire stabilité sénégalaise.

D’autres solutions existent pour décongestionner nos prisons : construire de nouvelles prisons. Ce ne sont point des espaces qui manquent mais la superstition est forte, celle selon laquelle, l’autorité qui commanderait la construction d’une prison risquerait de l’inaugurer comme étant le détenu n°1.

Par conséquent, tant pis (au sens Pulaar du terme) pour les détenus, point de candidat pour ces infrastructures carcérales.

Pour l’instant, c’est tout juste une idée comme toutes les autres, souhaitons qu’elle ne soit pas féconde et qu’elle se dissipe et s’évapore comme la saveur du « Lakhou Guenthé » de l’an passé.

La décriminalisation de l’usage de la drogue ?
La décriminalisation de l’usage de la drogue ?
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