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Ecris, Grand, écris ! crient mes amis sur Facebook ! Et moi, comme dans un mariage, je répète à chaque fois « Oui, je le veux ! ». Pour écrire, il faut d’abord parler français. Moi je ne le parle pas ! Le français est dur ! Il est inventé par des gens qui discutent autour d’une bouteille de bière ou de champagne. Cette boisson rend l’humour plus jovial et booste l’inspiration. Senghor buvait cette liqueur et il était agrégé en grammaire. Ce Sérère savait écrire mais Kawaba est sobre.

Mais tôt ou tard, je vous parlerai de Baba Ndeup. Ce Peulh qui, un jour, abandonna ses troupeaux de chèvres et moutons au milieu de la brousse pour aller à la quête du Savoir. Une fois à Mbour, son chemin croisa celui de trois guérisseurs bambaras. Il décida de les suivre malgré le refus de ces « étranges messieurs » qui discutaient et riaient dans une langue qui lui était complètement inconnue. Mais aussi têtu qu’un suicidaire multirécidiviste, il les suivit jusque dans une zone très déserte de la ville. Là, les bambaras lui ont fait faire toutes sortes de corvées. Ils lui ont fait travailler tôt le matin comme tard la nuit, nuit et jour. Mais Baba ne se plaignait pas et comme les sept nains dans Blanche neige, il exécutait toutes les tâches en chantant. Dans les champs comme à la maison, Baba se multipliait par quatre, pour gagner l’estime de ses logeurs.

Une nuit de pleine lune, Baba venait à peine de fermer les yeux après une journée très chargée, ses logeurs lui demandèrent de les suivre dans la brousse. Il devait en plus porter un lourd panier dans lequel se trouvaient une grosse bouteille de vin, un tissu blanc, un coq et un paquet ficelé contenant des colas.

Les bambaras marchaient devant à grands pas, Baba ahanait derrière lourdement chargé comme un bourricot. Ils venaient d’entrer dans une forêt tellement sombre qu’on ne voyait plus la blancheur du tissu contenu dans le panier, seul le bruit des pas servait de boussole pour Baba. Cette nuit était la nuit de l’identification. En chaque individu, dit-on, il ya un esprit accompagnant. Il fallait identifier le djinn de Baba Ndeup et à 3h du matin, c’était fait : c’est SAMBA DJARE !

Cette balade dans le monde des djinns est longue, croustillante peut-être, mais explicative de la présence de Baba Ndeup à Dagana, à 408 km de Dakar. Lorsque Baba fut libéré avec la bénédiction de ses trois maitres, il obtint son sésame pour officier comme guérisseur. Il voulut se rendre à Nenette (Département de Podor) pour voir sa famille maternelle. Une fois à Dagana, le véhicule de transport tomba en panne. C’était midi, l’heure où l’odeur indiscrète du thièbou djeun des cordons bleus s’échappait des marmites pour aller flatter les narines des passants. Tout voyageur en quête de Djatigui était orienté vers le domicile d’un notable daganois. Malheureusement, ce jour-là l’ambiance n’était pas des plus agréables car la fille ainée du maître de céans était subitement et étrangement malade. Baba, à peine franchi le seuil de la maison, sentit la lourdeur de l’atmosphère familiale et s’en enquit du motif. Il demanda aussitôt de voir la jeune fille. L’homme des djinns a automatiquement reconnu le fait des esprits maléfiques. Cette fille était effectivement sous l’emprise d’un prince de la nuit. Quelques feuilles d’arbres et de l’eau dans une calebasse mélangées avec des invocations magiques et hop ! la fille retrouva son sourire angélique au grand bonheur de ses parents.

Ce qui était une simple escale accidentelle finit par être le lieu d’affection et le refuge de la dépouille mortelle de Baba.

Une histoire de ouf, mais pas de fiction qui s'est passée au bord du fleuve Dieynaba Ndiaye.

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